Si les abattoirs avaient des vitres

"Si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde serait végétarien". Voici ce que Paul MacCartney, le célèbre bassiste des Beatles, a souvent dit. On vous explique.

Pauline CARLIER--VINCENT

Derrière les murs des abattoirs

Les abattoirs manquent de transparence envers les éleveurs et les consommateurs. Avez-vous déjà vu un abattoir ? Non, parce qu'ils sont cachés. Aucun panneau n'indique leur localisation. Ce sont des bunkers entourés de grilles de quelques mètres de haut avec des caméras partout pour surveiller l’extérieur. L’éloignement des abattoirs est essentiel pour l’industrie de la viande : les "grands" de cette industrie savent que leur modèle d’activité repose sur l’impossibilité pour les consommateurs de voir ce qu’ils y font. De plus, selon l'article Scandale des abattoirs : ce qu'en disent les éleveurs paysans du journal Reporterre réalisé en 2016, un éleveur a confié qu'il avait demandé à assister au moins une fois à l'abattage. Le directeur de l'abattoir a refusé en ajoutant qu'il organiserait des visites et l'en avertirait. Il y a clairement un manque de transparence et pour le consommateur et pour l'agriculteur.

De plus, la privatisation s'accentue et de nombreux abattoirs de proximité ferment pour laisser place à des abattoirs privés qui sont de plus en plus loin des exploitations. Même si l'industrialisation a permis d'améliorer les technologies d'abattage, les temps de transports des animaux allant jusqu'à l'abattoir est de plus en plus long et c'est un calvaire pour eux. En effet, que ce soit des poulets, des cochons ou encore des vaches, ils sont entassés et transportés trop longtemps sous toutes sortes de conditions climatiques sauf en cas de canicule. Depuis le 22 juillet 2019, il est interdit de transporter des animaux vivant entre 13 heures et 18 heures lors de période caniculaire. Mais même sans cela, les animaux n'ont ni place, ni eau, ni nourriture et le transport est un véritable stress pour eux. 

Une fois arrivés à l'abattoir, les animaux sont placés dans des zones d'hébergement adapté à leur espèce. Ils peuvent se reposer et boire de l'eau. Ensuite ils sont amenés au poste d'étourdissement. Pour éviter la douleur et limiter la peur, il est interdit des les frapper ou d'exercer des pressions aux endroits particulièrement sensibles de leur corps. Et pourtant. Cela a beau être interdit, beaucoup de vidéos circulent où l'on peut voir des personnes exercer leur force sur eux pour qu'ils entrent dans le poste d'étourdissement et qu'ils suivent le rythme. D'ailleurs, les cadences d'abattage sont trop rapides car comme il n'existe plus qu'un abattoir privé pour plusiseurs exploitations, ce n'est plus à taille humaine et le rythme est beaucoup trop rapide. Cela conduit à des étourdissements inefficaces et une non prise en compte de la perception des animaux quant à l'abattage de leurs congénères. Un animal ressent ce qu'il se passe. Il sent forcément l'odeur du sang, du stress, de la peur et de la mort lorsqu'il entre. Il entend les cris de ceux qui n'ont pas été étourdis correctement et qui se voient égorgés alors qu'ils sont encore conscients. Il sait qu'il va mourir.

Chez les cochons, l'exposition au dioxyde de carbone est utilisé dans quelques abattoirs. Cela provoque une perte de conscience et de sensibilité de l'animal. Seulement, avant de perdre conscience, le CO2 provoque des douleurs insoutenables au niveau des muqueuses (source : Qui peut-on manger ? Documentaire Arte).

Des solutions ?

Des abattoirs à taille humaine existent. C'est l'exemple de l'éleveur Jérôme Bodineau, en Loire Atlantique. Avec plusieurs éleveurs de volailles en vente directe, ils ont décidé de créer un petit abattoir de taille humaine, avec des cadences humaines. Cela existe aussi en Franche Comté par exemple, dans le magasin Les Saveurs de la ferme, qui vend des produits locaux, les poulets proposés sont tués dans l'exploitation, ils ne vont pas à l'abattoir.

Aussi, une solution est envisagée par La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) qui serait de faire venir des camions-abattoirs dans les fermes. L'association Quand l'abattoir vient à la ferme se bat pour voir aboutir le développement de ces abattoirs mobiles dans les campagnes. Cette association rassemble des éleveurs, des vétérinaires, des artisans-bouchers, des consommateurs engagés, des associations de protection animale, des citoyens…

Des alternatives existent. Choisissons une meilleure façon de consommer.

Source : https://www.dailymotion.com/video/xcnop3

https://reporterre.net/Scandale-des-abattoirs-ce-qu-en-disent-les-eleveurs-paysans

https://agriculture.gouv.fr/transport-danimaux-en-periode-de-canicule-la-reglementation

https://agriculture.gouv.fr/la-protection-des-animaux-labattoir

https://abattagealternatives.wordpress.com/